mardi 9 juin 2015

Open space de Mathilda May



Voilà une pièce absolument étonnante, où pas une seule parole n'est prononcée! Les comédiens imitent une langue, en mettant les intonations, sans jamais prononcer un mot.  Et pourtant le spectateur comprend la psychologie des personnages et se prend au jeu, pour partir dans de grands fou-rires! 
 Les bruits se juxtaposent, les mouvements s'enchaînent. La routine prend des allures de ballet magistral. Ils pourraient être les agents d'une compagnie d'assurance. Il y a celle qui boit en cachette, celui qui colle aux basques du patron, celui qu'on a mis au placard. Il y a celui qui s'endort, celle qui fait du bruit, l'autre qui s'en fout, et ceux-là qui s'aiment. Quelques humains ordinaires cohabitent une journée entière dans un Open Space, exploit surhumain.
Courrez-y et vous passerez une excellente soirée!
SPECTACLE VISUEL de et mise en scène de Mathilda May

Dans le jardin de l'ogre de Leïla Slimani

Adèle est malade...
Adèle est sexuellement compulsive. Sa vie est un désir insatiable de corps, une pulsion impossible à contenir, une détresse à ne pouvoir y mettre fin. Son besoin irrationnel d'amants de passage  entraîne mensonges et dissimulation. Son corps est un tyran insatisfait, en dépit de sa maigreur, de son tabagisme et sa honte.
Mais qui est Adèle? Froide et secrète, une femme qui oscille entre dépression et névroses, incapable de se satisfaire de sa vie de bourgeoise. Un personnage à la fois attachant et déroutant.  

Peu à peu la pathologie de la nymphomanie apparait, avec cette narration factuelle, glaçante, sans affect, aux mots crus mais jamais provocateurs. Leïla Slimani ne tombe pas dans le piège de la vulgarité ou de la moralisation. Elle décrit une addiction mortifère, incontrôlable et désespérante. Son écriture est fluide et directe, aérée de chapitres courts donnant rythme à ce beau portrait de femme luttant contre ses démons. Un premier roman réussi, dans un style cru, violent, désespéré sans concession, mais sans jugement, sans voyeurisme malsain. 

mardi 24 mars 2015

Côté jardin d'Alain Monnier



Attention coup de coeur !
La vie de Jacques est en train de s'écrouler. Son médecin vient de lui annoncer qu'il a une tumeur au cerveau. Il y a bien une intervention à tenter, mais 1 chance sur 5 pour qu'elle réussisse.  Il ne lui reste que quinze jours à vivre. Ses pensées vont vers la femme dont il est fou amoureux : Françoise qu'il ne veut pas perdre.  Il prend la décision de se faire opérer en espérant que la chance sera de son côté. Le matin de l'opération on lui injecte un tranquillisant et le professeur vient lui rendre visite. Il lui annonce une bonne nouvelle : il n'a pas de tumeur. Mais il fait venir le brancardier pour l'opérer malgré tout... Jacques  se retrouve tétraplégique, enfermé dans son propre corps.  Et c'est l'enfer pour lui à partir de ce moment. 

Cette histoire commence comme un roman social sur la maladie.  Jacques, désemparé devant cette affreuse nouvelle hésite et préfère rompre avec Françoise plutôt que de lui imposer son agonie. 
Et c'est ensuite que tout bascule et que le roman se transforme en terrible thriller. Car Jacques n'est pas cloué dans ce lit par hasard. Nous entendons la voix de ses visiteurs qui lui commentent tout ce qui se passe autour de lui. D'abord son médecin, puis ses amis, ses collèges, et même les autres patients. Et avec leurs paroles, très vite, on commence à sombrer dans la psychose. A voir l'horreur se déployer. A comprendre tous les indices qui avait été disséminés sous le nez de Jaques sans que ni lui ni nous ne nous en rendions compte et qui pourtant étaient tellement évidents. Et on comprend.
Et là où ce livre est génial, c'est qu'il ne s'arrête pas là. Car une fois que le mystère a été dévoilé, il est relancé: un autre que Jacques est menacé, sans s'en rendre compte, et personne ne peut le prévenir à part peut-être Jacques, l'impuissant auditeur. Jusqu'où cela va-t-il aller? Impossible de le prévoir, car jusqu'au bout, le roman déjoue nos hypothèses et nous retourne la situation encore et encore, jusqu'à une chute magistrale.

mercredi 4 mars 2015

FABRICE LUCHINI ET MOI

Une pièce que je recommande vivement!
Le sujet : Olivier Sauton, jeune homme rêvant de devenir comédien vedette, inculte mais non sans esprit, rencontre par hasard Fabrice Luchini, son idole. Il lui demande alors d’être son professeur. Celui-ci accepte, et, à travers trois leçons de théâtre, va surtout lui délivrer trois leçons de vie, et faire découvrir au jeune homme qu’au delà de la gloire et des femmes, il y a l’Art.
Les textes sont d'Olivier Sauton.
GRANDIOSE, une prouesse d'écriture et d'interprétation : le texte  est d'une précision chirurgicale, l'Esprit est là (finesse et rigueur comme son maître) avec quelque chose de plus qui laisse à penser que l'imitateur est le maître...... par qui la perfection est née! Olivier Sauton a un vrai talent, il est drôle et original. Un vrai régal! . Merci aussi pour "l'après-applaudissements" où Olivier Sauton explique que Fabrice Luchini était un jour dans la salle...

mercredi 4 février 2015

Place la trinité. Alain Monnier

A Toulouse, Adrien Delorme, universitaire spécialiste de Pétrarque entretient depuis 3 ans une relation chaste avec Louise à qui il a donné rendez-vous dans un restaurant. Elle ne vient pas. Toutes affaires cessantes, en congé de ses fonctions universitaires, il continue de l’attendre plusieurs semaines, dans le périmètre restreint de la place de la Trinité au centre de Toulouse. Concentré sur cette attente, il est cependant dérangé par une amie qui s’occupe des sans papiers et qui veut lui faire parrainer une famille d’immigrés. Il est rejoint par des questions sociales :le collectif des sans papiers ferme les yeux sur la prostitution enfantine, des problèmes professionnels,  la réforme universitaire impose qu’il accepte dans son équipe un incompétent. 

Si pour lui, le temps s’est arrêté, autour de lui, le monde continue de bouger et chacun vaque à ses occupations et les personnages secondaires donnent lieu à des scènes justes et à des portraits piquants et satiriques, ceux d’une comédie humaine d’aujourd’hui . 

Un roman qui donne une grande place aux références littéraires, et dont la lecture devient parfois une promenade érudite, Adrien Delorme représentant le double littéraire de Pétrarque. Il entretient avec son lecteur une joyeuse complicité, le prenant régulièrement à témoin. Le ton est enlevé, allègre, l’écriture raffinée. 

Une lecture originale et pleine de charme.

mercredi 28 janvier 2015

Les crocodiles : témoignages sur le harcèlement sexuel, et le sexisme ordinaire. Dessins de Thomas Mathieu

Des histoires de crocodiles envoyées par des vraies filles et mises en bandes dessinées par Thomas Mathieu

Qui sont les crocodiles ?

Harcèlement de rue, lourdingues en tout genre, agressions, loses des transports en commun et fails sentimentaux, 
Thomas Mathieu explique le concept du crocodile.

Qu'est-ce que le projet crocodiles ?

Thomas Mathieu illustre des témoignages de femmes liés aux problématiques comme le harcèlement de rue, le machisme et le sexisme ordinaire. Son travail s'inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience et d'une nouvelle génération de féministes, qui utilisent internet pour réfléchir et informer sur des concepts tels le "slut-shaming" ou le "privilège masculin".

Dans ses planches, les décors et les personnages féminins sont traités en noir et blanc de manière réaliste tandis que les hommes sont représentés sous la forme de crocodiles verts. Le lecteur ou la lectrice est invité à épouser le point de vue de la femme qui témoigne et à questionner le comportement des crocodiles particulièrement quand ils endossent le rôle stéréotypé de dragueurs/prédateurs/dominants.


Qu'est-ce que le projet crocodiles ?Thomas Mathieu illustre des témoignages de femmes liés aux problématiques comme le harcèlement de rue, le machisme et le sexisme ordinaire. Son travail s'inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience et d'une nouvelle génération de féministes, qui utilisent internet pour réfléchir et informer sur des concepts tels le "slut-shaming" ou le "privilège masculin".Dans ses planches, les décors et les personnages féminins sont traités en noir et blanc de manière réaliste tandis que les hommes sont représentés sous la forme de crocodiles verts. Le lecteur ou la lectrice est invité à épouser le point de vue de la femme qui témoigne et à questionner le comportement des crocodiles particulièrement quand ils endossent le rôle stéréotypé de dragueurs/prédateurs/dominants.



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Liens utiles

Le tumblr « Projet Crocodiles »
payetaschnkeck : le célèbre site qui réunit les invectives des harceleurs
ihollaback : une initiative internationale qui combat activement le harcèlement de rue
(et la version Belge)
« Non, c'est non » : petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire

Et aussi:
Le site Vie de Meuf

Les médias en parlent

 

Biographie de Thomas MathieuThomas Mathieu tient un blog depuis 2006, ouvert lors de ses études de bande dessinée à Saint-Luc à Bruxelles. Depuis, il a publié quelques bandes dessinées, du genre qu'on lit en cachette sous la couette, qu’il s’agisse de récits intimes de couples ou de la fiction de mauvais genre débridée. En parallèle, il continue d'expérimenter sur son blog et participe à de nombreux projet, comme la "digiteam" de « EspritBD », le feuilleton en ligne « Les Autres Gens » de Thomas Cadène ou encore le journal numérique « Mauvais Esprit » dirigé par James et Boris Miroir. Actuellement, il se consacre principalement à son tumblr « Projet Crocodiles » qui traduit sous forme de bande dessinée des témoignages de femmes liés au harcèlement de rue et au sexisme ordinaire en général.


Coup de chapeau à Damien ROUDEAU reporter graphique

Né le soir de Noël 1981, Damien Roudeau se consacre depuis 2001 au reportage graphique,  en BD et en carnets de voyages. Diplômé de l’école Estienne, il édite depuis 2005 carnets de voyage et reportages, privilégiant les sujets au long cours. Il a travaillé un an au sein de la communauté Emmaüs et raconte son aventure parmi ses compagnons de partage dans une de ses bandes dessinées. Dès lors, il privilégie les sujets qui ouvrent les yeux sur le monde : groupes de sans-logis, sans-papiers, familles Roms, usagers de drogues ou squatters...

Il travaille depuis 2002 pour divers supports : presse, magazines, édition, associations, ONG, quartiers en rénovations. Diplômé en illustration et en arts plastiques, il poursuit ses recherches de métissage du dessin avec le son ou la vidéo.

Après avoir participé à l'aventure du collectif Les Yeux dans le monde (2003-2013), Damien a intégré en janvier 2013 le collectif de documentaristes Argos : http://www.collectifargos.com/damien-roudeau. Dans la rue en Inde (globetrottoir.tumblr.com), avec les habitants de Villiers-le-Bel (http://villiersrebel.tumblr.com/ ), ou de Saint-Denis (http://semarensemur.tumblr.com/) dans les mines d’or avec les journalistes d'Argos (www.collectifargos.com), ou dans le Shandong en Chine avec les Tribulants (carnettistes-tribulants.com)... Damien dessine en bande. Et parfois, il en fait des bandes dessinées.
 
Sur le principe du journal de rue, Damien affiche régulièrement ses reportages dans l’espace public : “murs d’expression” temporaires ou pérennes, sur le site d’un chantier, les palissades d’un quartier en rénovation, d’un immeuble... Restitution d'un témoignage grand format, composé d’agrandissements de dessins réalisés in situ, pour que les passants puissent par exemple suivre l’avancée d’un projet d’urbanisme. Ces murs originellement destinés à « dissimuler au regard » deviennent espace de révélation, un point de convergence, d’échange et d’information.

Il a obtenu de nombreux prix littéraires :

Prix du jury Grands Reportages pour «Portraits cachés» (2002)
Prix DIY pour «10 ans de free» (2005)
Grand Prix Michelin du Carnet de Voyage pour «De bric et de broc» (2006)
Prix MSF du carnet engagé pour «Matin rouge» (2008)
Grand Prix La Plagne des Ecrivains voyageurs (2008)
Prix du carnet multimédia Vidéoformes pour «Passport» (2010)

Bibliographie

10 ans de free (éd. Techno plus, 2005)
De Bric et de broc (éd. Parole et Silence, 2006)
Matin rouge (éd. Bandes à part, 2008)
Têtes de pioche (éd. Corac, 2009)
Rosny grandeur nature (éd. Folies d’encre, 2011)
Dosta ! vol. 1 & 2 (éd. Vide Cocagne, 2012)
Les Désobéisseurs (Collectif, Vide Cocagne 2013)
Villiers rebelle (éd. Boite à Bulles, 2014)
Être là (collectif, Futuropolis, 2014)

Télévision
: Carnet de Voyage, Ecosse (Arte / Gédéon, 2007)