samedi 30 avril 2016

La nuit du bûcher de Sandor Marai


L'Italie en pleine période d'inquisition à l'approche de 1600, Un jeune prêtre espagnol part à Rome pour pour y suivre une formation sur les méthodes de Rome pour appliquer l'Inquisition, 

En Espagne l'Inquisition s'est déjà exercée à faire parler, à faire abjurer juifs et musulmans et le jeuneprêtre à déjà eu l'occasion de voir les effets des tourments infligés : « suspension par la corde, le supplice de l'eau, du feu et du brodequin français » il y a admiré les religieux qui encourageaient le bourreau à « arroser le bois sec de poix » afin que le bûcher monte haut et clair dans la nuit castillane.
L'Inquisition italienne trouve cela un peu tiède et est appliquée  beaucoup plus "sévèrement" . Le prêtre est reçu et hébergé par une confrérie de volontaires qui vont le former par l'exemple car ils ont pour mission d'inciter au repentir « par tous les moyens » les hérétiques soumis à leurs bons offices.
Pendant les 16 mois de son apprentissage le futur inquisiteur obéit sans se rebeller, obéit comme ont obéit les dignitaires nazis, les procureurs soviétiques ...
Il tient une sorte de journal pendant son séjour et c'est par sa voix que le lecteur entre dans ce monde de ténèbres où il importe de « réduire à néant tous les livres, auteurs et lecteurs louches parce qu'il n'y aurait pas d'ordre dans le monde tant que vivraient des hommes qui feraient l'expérience de penser par eux-mêmes » car l'invention de l'imprimerie est un quasi péché qui permet la diffusion d'idées subversives. Il s'agit donc du combat entre le Savoir et le Sacré. 
Un grain de sable va venir se glisser dans les rouages si bien huilés de l'Inquisition lorsque cet apprenti rencontre Giordano Bruno juste avant l'exécution de sa sentence.
C'est un roman passionnant, qui décrit froidement et dans une simplicité apparente, les méthodes de l'inquisition.  Le propos est fort et ce type de livre est en soit une arme contre tous les totalitarismes qu'ils soient politiques ou religieux. Sandor Màrai a souffert de l'exil et il trouve là l'occasion de nous inviter à affirmer avec force sa liberté de penser et de croire. 


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