La neige. La banquise. Le récit se déroule au Pôle Nord, dans une île. Dans cet univers de glace les poissons meurent le ventre à l'air, les chiens meurent gonflés, étouffés, la Nature disparaît jour après jour... Que s'est-il passé cette nuit où les hommes sont arrivés en silence par bateau pour déposer dans l'usine des fûts qui déversaient cette colle noire et poisseuse? Qui aurait imaginé que l'usine allait être polluante, radioactive ? Qu'un jour, des enfants allaient sortir des ventres de leur mère comme des larves sortiraient d'un bocal d'expérimentation ?
C'est le destin de l'île de Nikko. Nikko qui raconte son histoire, irradiée et malade. Elle lutte constamment contre la maladie, contre la résignation passive des habitants, elle lutte pour survivre. Une lutte contre le grand malheur. Elle le veut son grand blond aux yeux bleus, elle qui "n'a pas d'os dans le nez". Elle veut quitter son île pour aller vivre sur le continent. Cet homme sera son droit de passage.
Le texte est splendide car il est pur comme la glace. Et Véronique Ovaldé a l'intelligence d'avoir créé un personnage qui ne s'apitoie jamais sur son sort. Nikko est une femme forte. De ces êtres qui s'accrochent à la vie. De ces personnages qui restent en mémoire parce qu'ils sont emblématiques. Nikko n'a pas peur. Nikko avance, déterminée jusqu'au bout.
Voici un roman singulier, un texte fort qui donne envie de se lever. Toutes choses scintillant, c'est bien vrai, pour peu que l'on cherche coûte que coûte la lumière.